L’alimentation du lapin

La plupart des problèmes dentaires du lapin de compagnie sont dus à une alimentation inadaptée.

Le lapin est bien connu pour sa facilité à développer des troubles digestifs qui peuvent vite s’aggraver et menacer sa vie en l’espace de quelques jours. C’est pourquoi il est très important de connaître ses besoins alimentaires afin de mettre en place une alimentation adaptée dès son adoption, gage de bien-être et de longévité. Une alimentation optimale doit agir sur le bon entretien des dents et le fonctionnement digestif correct de votre animal.

Favoriser l’usure des dents

Le foin, aliment de base indispensable

À SAVOIR : Les dents des lapins poussent en permanence, non seulement les incisives, mais aussi les molaires, qu’on ne voit pas normalement, car elles sont situées profondément dans la bouche.

Cette pousse permanente est une adaptation de l’alimentation de base du lapin dans la nature : l’herbe, dont la mastication pratiquement continuelle dans la journée, entraîne un frottement permanent des dents les unes contre les autres. Cette usure des dents est encore accentuée par la présence de grains de silice dans les brins d’herbe, que l’on peut reconnaître à la sensation râpeuse ressentie lorsque l’on frotte un brin d’herbe entre ses doigts.

La pousse continuelle des dents du lapin résulte de l’existence d’un tissu germinatif très puissant au niveau des racines, qui permet aux molaires de pousser de 2 mm par mois, et aux incisives de 1 à 2 mm par semaine !

Il est donc important de fournir une alimentation qui permette aux dents de s’user les unes contre les autres. Les granulés et les mélanges de graines, qui sont en général très appréciés du lapin, sont avalés beaucoup trop rapidement pour permettre une usure correcte. De plus, ils induisent un sentiment de satiété rapide qui ne va pas pousser le lapin à chercher à manger à nouveau et à faire fonctionner suffisamment sa bouche. Seul le foin, consommé tout au long de la journée, à défaut d’accès à l’herbe fraîche, peut remplir ce rôle. Il s’agit d’un aliment fondamental, qui doit être choisi avec soin pour être le plus appétissant possible : il doit être exempt de poussière quand on ouvre le sachet, sentir bon l’herbe coupée, et si possible avoir été cultivé avec un minimum de pesticides. Il doit avoir été séché au soleil, ce qui garantit une bonne teneur en vitamines D.

Favoriser une bonne digestion

La fermentation : quand le lapin mange ses crottes

Les animaux qui se nourrissent de végétaux ont un système digestif plus complexe que celui de l’homme ou des animaux carnivores, comme le chien et le chat. En effet, à l’inverse de la viande, la cellulose, qui est le constituant de base des végétaux, n’est absolument pas assimilable directement par la muqueuse de l’intestin. Elle doit subir un processus de transformation en étant au préalable dégradée par des bactéries présentes dans le tube digestif (connues comme flore bactérienne, spécifique de chaque espèce), qui vont l’utiliser pour leur

développement et produire en échange des nutriments directement assimilables par l’intestin. Ce processus de transformation de la cellulose par les bactéries se nomme la fermentation. Elle demande un certain temps, et ne peut se produire que dans une poche particulière du tube digestif, appelée le cæcum chez le lapin.

Le cæcum du lapin est un organe très volumineux, qui occupe une grande partie de la cavité abdominale.

Les fermentations bactériennes du cæcum produisent un contenu pâteux et nutritif qui est directement assimilable par le tube digestif du lapin. Malheureusement, le cæcum est situé en portion terminale du tube digestif, et le trajet intestinal restant est insuffisant pour que ces nutriments aient le temps d’être correctement absorbés. Le lapin s’est donc adapté en allant recueillir directement cette pâte nutritive dès son apparition au niveau de l’anus et en l’avalant afin de la digérer à nouveau. Cette pâte se présente sous forme de petites crottes molles et luisantes, à l’odeur forte, qui sont produites en grappes et se nomment cecotrophes. Le mucus dont elles sont entourées va les protéger contre la forte acidité de l’estomac et leur permettre d’arriver intactes dans le tube digestif où les nutriments qu’elles contiennent (particulièrement riches en protéines et en vitamine B) pourront être totalement absorbés.

On ne voit normalement pas les cecotrophes dans la cage du lapin, car il les absorbe au fur et à mesure de leur apparition. L’accumulation anormale de cecotrophes autour de l’anus, formant une pâte collante et malodorante, que l’on peut confondre à tort avec de la diarrhée, est signe d’un régime alimentaire inadapté.

Le lapin produit également des petites crottes dures et rondes, qui sont des déchets fibreux et ne sont pas réabsorbées. Ce sont les seules crottes que l’on doit voir normalement dans sa cage. Elles sont en général soigneusement déposées dans un coin de la cage, élu à cet effet par le lapin qui est un animal soucieux de sa propreté.

Crottes molles : attention aux glucides (sucres) !

La flore bactérienne du cæcum est constituée de différentes sortes de bactéries dont les populations doivent être équilibrées les unes par rapport aux autres afin d’assurer une fermentation correcte. L’équilibre ne signifie pas forcément que toutes les populations bactériennes doivent être d’importance égale. Au contraire, certaines bactéries qui sont utiles lorsqu’elles sont présentes en petite quantité, peuvent devenir néfastes quand elles deviennent trop nombreuses. Les conséquences de ce déséquilibre peuvent aller d’une baisse de l’efficacité digestive à des diarrhées pouvant être mortelles dans les cas extrêmes, notamment chez le lapereau juste sevré.

L’équilibre de la flore bactérienne est étroitement lié à la qualité de l’alimentation qui est donnée au lapin. La règle de base est de savoir que la flore évolue dans le mauvais sens quand le lapin ingère trop de glucides (ou sucres).

ATTENTION : L’excès de glucides (sucres et amidon) est négatif pour l’équilibre de la flore digestive et peut entraîner des troubles digestifs graves.

Il faut donc être vigilant sur la quantité et la qualité des glucides présents dans la nourriture, d’autant plus que le lapin, qui ne trouve à l’état sauvage que des fourrages normalement très pauvres en énergie, a un goût naturel pour les bourgeons charnus et les plantes sucrées, véritables aubaines énergétiques, quand il peut en trouver dans la nature.

EN PRATIQUE : La flore dominante dans le cæcum du lapin est constituée de bactéries du type « bacteroides ». C’est une flore particulière, très différente de la nôtre et de celle du chien et du chat. Il est donc inutile d’administrer au lapin les ferments lactiques que l’on vend couramment. Par contre, certains nutriments, comme les fructo oligosaccharides, qui sont présents dans quelques additifs alimentaires, mais que l’on peut aussi trouver à l’état naturel dans la chicorée, la banane, l’asperge et l’artichaut, favorisent naturellement le développement de « bacteroides ». On les appelle pour cette raison des probiotiques.

On trouve bien sûr les sucres dans les fruits, dans certains légumes comme les betteraves, mais surtout en très grande quantité dans toutes les friandises commercialisées pour les lapins de compagnie (bonbons au yaourt, bâtonnets de graines collées au miel). Les glucides sont également présents dans les granulés nutritifs et les mélanges de graines, sous forme d’amidon (sucres lents). On le trouve par exemple plus particulièrement dans les betteraves, les rutabagas, le maïs et l’avoine. L’amidon est nécessaire, mais son excès, bien que moins dangereux que celui des sucres rapides, entraîne à long terme des troubles digestifs chroniques, tels qu’une production anormale de cecotrophes, que l’on retrouve sur le sol de la cage ou accumulées en masse autour de l’anus du lapin.

ATTENTION : L’excès d’amidon dans la ration est particulièrement préjudiciable pour le jeune, qui le digère encore moins bien que le lapin adulte. Il peut alors favoriser l’apparition d’entérotoxémies, qui se manifestent sous la forme de diarrhées dangereuses.

Crottes dures : l’utilité des fibres

Les petites billes rondes, sèches, et peu odorantes que l’on retrouve dans la cage du lapin sont les crottes dures, déchet final que l’animal n’ingère plus. Elles sont constituées de fibres indigestibles.

La présence de fibres non digestibles dans l’alimentation du lapin est indispensable pour permettre un fonctionnement digestif correct :

  • Dans l’estomac, les fibres indigestibles s’entrelacent avec la nourriture et les poils absorbés lors de la toilette, formant un lacis aéré qui favorise la pénétration des acides digestifs. Ceci évite la formation de boules compactes de poils et de nourriture, qui pourraient, en se desséchant et en se durcissant, créer à la longue des troubles digestifs.
  • Dans l’intestin, elles exercent une action mécanique indispensable pour la stimulation du transit, favorisant la formation de crottes dures. Ces fibres sont aussi indispensables dans le côlon, où, mêlées à l’eau présente dans le tube digestif, elles stimulent la bonne marche d’un mécanisme particulier d’inversion du sens du transit digestif, qui doit avoir lieu quotidiennement pour assurer le bon fonctionnement du cæcum.

EN PRATIQUE : Après le repas, les crottes dures sont expulsées au bout de 4 heures, et les crottes molles au bout de 8 à 10 heures. Un lapin en bonne santé produit environ 150 crottes dures par jour.

Les meilleurs choix alimentaires

L’alimentation du lapin doit contenir à la fois des aliments qui fournissent de l’énergie par la fermentation et des aliments riches en fibres indigestibles

Les aliments énergétiques : les aliments préparés

L’offre d’aliments préparés pour le lapin s’est considérablement développée sur le marché depuis que celui-ci est devenu un animal de compagnie recherché. Avant de les utiliser, il est important de savoir que ces aliments sont en général très riches en énergie, car ils sont le plus souvent directement inspirés de ceux conçus pour les lapins d’élevage, soumis à des exigences d’engraissement rapide et de reproduction intensive, et pour lesquels la durée de vie ne compte pas. Ces buts sont bien évidemment contraires à ceux recherchés par le propriétaire d’un lapin de compagnie, soucieux avant tout d’avoir un animal en état de bien être et de bonne santé le plus longtemps possible.

C’est pourquoi il faut regarder attentivement leur composition avant de les choisir et surtout s’assurer de les distribuer en quantité raisonnable, même si le lapin s’en montre très friand !

Ces aliments sont composés de graines en mélange et de granulés complets, proposés en proportions variées.

Les graines en mélange :

Ce sont les aliments que l’on trouve le plus facilement dans le commerce et ceux qui sont le plus facilement acceptés par le lapin. Leurs inconvénients excèdent cependant leurs avantages : en effet, cette alimentation trop riche en amidon et en protéines prédispose à une mauvaise digestion et à l’obésité. Le déséquilibre est encore aggravé par la tendance naturelle que le lapin a de trier les graines qu’il préfère et à négliger les autres, car il a bien compris que son maître attentionné n’attendra pas qu’il ait fini sa gamelle pour la remplir à nouveau !

EN PRATIQUE : Les graines peuvent être distribuées pour faire plaisir au lapin une fois par semaine, mais ne doivent pas constituer la base de son alimentation.

ATTENTION : Certaines de ces graines, comme le maïs, les petits pois ou les haricots secs, ont la forme de petites billes rondes qui peuvent provoquer des occlusions de l’estomac gravissimes si elles sont avalées sans être croquées.

Les granulés :

Les granulés sont la base de la nourriture du lapin de production. Par leur présentation, ces aliments éliminent le problème du tri par le lapin : Dans l’idéal, chaque bouchée prise par l’animal doit apporter une portion de nourriture équilibrée. Encore faut-il que la composition du granulé choisi corresponde aux besoins du lapin de compagnie.

Ces aliments sont composés, dans des proportions qui peuvent différer selon le fabricant, de luzerne, de céréales, d’huiles végétales, de pulpes de betterave, de fibres végétales, de mélasse et de compléments minéraux et vitaminés.

L’étiquette de la composition d’un bon granulé pour un lapin de compagnie doit se rapprocher de la liste suivante (voir encadré spécial pour une explication détaillée) :

  • Protéines : 12 à 14 %
  • Lipides : 1,5 à 4 %
  • Fibres : 15 % minimum
  • Calcium : 0,4 à 1 %
  • Phosphore : 0,4 à 0,8 %
  • Vitamine A : 10 000 à 18 000 UI / kg d’aliment
  • Vitamine D : 800 à 1200 UI / kg
  • Vitamine E : 40 à 70 mg / kg

EN PRATIQUE : La quantité de granulés ou de mélange de graines distribués par jour doit correspondre à 2 à 3 % du poids du lapin. Soit environ 50 g par jour pour un lapin nain de 1,5 kg.

Il n’est pas bon de laisser les graines ou les granulés en libre-service toute la journée, car le lapin aura tendance à négliger les autres aliments, un peu moins appétissants. L’idéal est de lui proposer ces aliments pendant une heure le matin et encore une heure le soir lors du retour à la maison. Entre-temps, il est bon de laisser à disposition une grande quantité de foin et de la verdure fraîche, afin que le lapin soit obligé de s’y intéresser.

SAVOIR LIRE LES ÉTIQUETTES DES ALIMENTS

Nature de leurs composants :

  • Il faut tout d’abord, lorsque cela est indiqué par le fabricant, vérifier que les aliments riches en sucre et en amidon, comme la betterave, la mélasse, le maïs et l’avoine, ne sont pas présents en quantité trop importante.
  • Pourcentages respectifs de protéines, de matières grasses et de fibres (ou cellulose).
  • Protéines : Pour les lapins de production, le pourcentage recommandé est de 14 % pour l’entretien de base. Il peut aller jusqu’à 16 ou 18 % pour les lapins en croissance ou les mères en lactation.
  • Ce pourcentage est trop élevé pour le lapin de compagnie, chez qui l’apport idéal recommandé est de 12 à 14 %. Un excès chronique de protéines dans la ration favorise l’apparition d’obésité, entraîne une réduction de l’appétit du lapin pour ses cecotrophes ainsi qu’une altération de l’équilibre de la flore bactérienne du cæcum.
  • Lipides : Si leur excès dans la ration favorise l’obésité, les graisses en faible pourcentage sont néanmoins utiles, car elles favorisent la motilité gastro-intestinale et améliorent l’appétence des granulés. Le pourcentage acceptable de lipides dans une ration est de 1,5 à 4 %.
  • Fibres (parfois également mentionnées comme cellulose brute) : Cette appellation globale n’est malheureusement pas très précise, car elle ne fournit pas de distinction sur la nature des fibres L’absence de cette précision ne permet pas d’évaluer correctement la qualité réelle de l’aliment, car on ne peut savoir la proportion de fibres susceptibles de fermenter dans le cæcum (donc digestibles et produisant de l’énergie) par rapport à celles qui ne sont pas fermentescibles (donc indigestibles et à action essentiellement mécanique).

Malgré tout, on peut supposer qu’en général, d’après leurs ingrédients de base, les granulés sont plus riches en fibres digestibles qu’en fibres indigestibles. La teneur en fibre minimum doit être de 15 % pour un bon aliment.

Teneur en minéraux (Ca et P) :

  • Le calcium (ou Ca) est un minéral important pour le lapin. En effet, un excès en calcium favorise l’apparition d’urines épaissies par une importante élimination de calcium dissout ou même la formation de calculs urinaires. Une teneur correcte en calcium pour un aliment varie entre 0,4 et 1 %.
  • L’absorption correcte du calcium est également liée au phosphore (ou P), présent dans l’aliment. C’est pourquoi il faut également vérifier la teneur de ce minéral, qui doit être normalement comprise entre 0,4 et 0,8 %.

Vitamines

Les vitamines sont des substances organiques dont la présence dans la nourriture est essentielle en petites quantités pour assurer la survie, le bon fonctionnement et la croissance d’un organisme. Le taux recommandé des trois vitamines essentielles pour le lapin est le suivant :

  • Vitamine A (Rôle dans la vision, la reproduction et les défenses immunitaires) : entre 10 000 et 18 000 UI / kg d’aliment.
  • Vitamine D (Rôle important pour le métabolisme du calcium, sa synthèse est favorisée par l’exposition directe aux rayons UV du soleil) : entre 800 et 1200 UI / kg d’aliment.
  • Vitamine E (Antioxydant important, sa carence peut entraîner des troubles musculaires) : entre 40 et 70 mg / kg d’aliment

Les aliments riches en fibres :

Le foin :

Souvent considéré à tort comme une simple litière que le lapin peut accessoirement grignoter, le foin (à défaut d’herbe fraîchement coupée) est pourtant un aliment de toute première importance.

Riche en fibres longues et indigestibles, qui stimulent le transit intestinal, il contient néanmoins s’il est de bonne qualité un pourcentage non négligeables de fibres digestibles. Le foin est indispensable pour garder un lapin en bonne santé sur le long terme. Sa consommation tout au long de la journée aide à la prévention de la formation de boules de poils dans l’estomac, favorise un comportement masticatoire permanent qui permet l’usure des dents, distrait le lapin de l’ennui, et… permet ainsi de diminuer le grignotage des pieds de meubles et autres fils électriques.

EN PRATIQUE : Le foin doit constituer 75 % de la nourriture quotidienne d’un lapin. Chaque lapin doit recevoir quotidiennement un tas de foin aussi gros que le volume de son corps.

Comment le choisir ?

Tout d’abord, il ne faut pas confondre le foin, aliment qui est constitué de la partie supérieure séchée d’un végétal, riche en feuilles et en éléments nutritifs, et la paille, composée de la base ligneuse des tiges végétales, qui a très peu de qualités nutritives et est utilisée comme litière.

Un bon foin doit sentir très bon le fourrage, être constitué de tiges végétales entières, et surtout être exempt de poussières et d’odeur de moisissure quand on ouvre le paquet. Bien que ce ne soit pas toujours indiqué par le fabricant, il est préférable de choisir un foin issu de plantes non traitées aux pesticides, et qui ne soit pas séché en séchoir industriel, mais au soleil, garantissant ainsi une bonne teneur en vitamine D.

EN PRATIQUE : Le foin de ferme biologique, non traité, peut héberger des œufs de parasites. Faites-le séjourner 3 à 4 jours au congélateur, cela le débarrassera de la plupart des parasites qu’il contient.

Les plantes qui le constituent sont en général un mélange de graminées et de luzerne. Il ne faut pas utiliser comme aliment à long terme les foins constitués exclusivement de luzerne, car leur grande richesse en calcium peut provoquer des troubles urinaires chez le lapin.

LE BON RÉFLEXE : Si un lapin refuse obstinément de s’intéresser au foin, on peut pour l’habituer couper le foin en petits morceaux que l’on mélange aux granulés.

Les végétaux frais

À SAVOIR : La verdure fraîche, accusée à tort de favoriser la diarrhée, doit être distribuée quotidiennement. C’est un aliment complet, source d’eau, de protéines, de glucides , de fibres, de vitamines… et de variété de plaisirs gustatifs dont on aurait tort de priver le lapin.

Par leur teneur en eau, les végétaux frais contribuent à l’hydratation du contenu digestif, permettant ainsi un bon fonctionnement des fermentations du cæcum et favorisant le passage dans le tube digestif des nombreux poils ingérés quotidiennement par le lapin lors de sa toilette. D’autre part, leur mastication est aussi importante que celle du foin pour permettre l’usure des dents.

Les lapins chez qui la verdure fraîche déclenche des épisodes de diarrhée sont ceux qui mangent peu de foin et qui sont nourris essentiellement aux graines et aux granulés, favorisant ainsi un déséquilibre des bactéries assurant une bonne digestion.

On doit par contre éviter l’excès de verdure fraîche chez un jeune lapin récemment sevré, car l’équilibre de sa population bactérienne digestive n’est pas encore stabilisé, le rendant très vulnérable aux désordres digestifs. Passé le premier mois d’acquisition, où il est plus prudent de stabiliser le transit digestif d’un jeune lapin avec du foin et des granulés, on peut introduire graduellement dans le menu différents végétaux frais, tout en surveillant les selles, jusqu’à distribuer quotidiennement à un adulte un volume de verdure fraîche presque aussi important que le foin.

EN PRATIQUE : Si un lapin n’a jamais mangé de verdure fraîche, il est préférable de bien stabiliser son système digestif avec du foin avant de lui en donner. Les végétaux frais ne sont dangereux que pour les lapins qui ne mangent pas de foin, car leur régime à base de graines ou de concentrés a entraîné un ralentissement chronique de leur transit digestif, ne leur permettant pas de supporter l’afflux brutal de fibres et d’eau contenues dans la verdure.

CHOISIR LES LÉGUMES

Légumes

Règles à suivre : Idéalement, donner chaque jour un mélange de légumes frais comprenant au moins trois sortes de légumes verts à feuilles.

La verdure doit être lavée, séchée, et surtout distribuée à température ambiante.

Éviter de donner de trop grandes quantités de végétaux très riches en eau, comme la laitue, la courgette et le concombre, ou de végétaux qui fermentent facilement, comme le chou.

Le choix des végétaux est vaste, on peut proposer sans souci les végétaux suivants :

  • Carottes, et surtout fanes de carottes, de radis et de navets, qui sont une excellente source de fibres.
  • Bettes
  • Endives
  • Épinards (pas trop souvent, car leur teneur en oxalates peut favoriser la formation de calculs urinaires.
  • Haricots verts
  • Cosses de petits pois, petits-pois mange-tout en entier
  • Mâche, salade frisée, batavia, romaine
  • Pissenlits
  • Fenouil
  • Poivrons
  • Branches de céleri
  • Persil, cerfeuil, basilic, origan, coriandre, menthe, mélisse, thym, lavande…
  • Brocolis et choux chinois (n’oubliez pas les feuilles).

Végétaux à éviter : S’ils sont distribués en trop grande quantité, les avocats, les oignons et les pommes de terre crues peuvent provoquer des troubles digestifs dangereux.

Fruits

Les fruits doivent être toujours donnés en petites quantités (deux à quatre tranches fines par jour), notamment ceux qui sont sucrés et riches en eau, car ils peuvent facilement fermenter. La pomme est un fruit très apprécié dont la consommation raisonnable est sans danger.

Plantes de la nature

Très peu de plantes, à part l’if (taxus baccata) et le laurier rose (nerium oleander), semblent vraiment toxiques pour le lapin, on peut donc récolter de temps en temps à la belle saison les plantes sauvages que l’on sait identifier sur le bord des chemins et rapporter ainsi une brassée d’odeur des champs à son bunny.

Les plantes herbacées sauvages comme le trèfle, le plantain, le pissenlit (y compris la fleur), le séneçon, les pousses de chardon, le grateron (Galium aparine), l’herbe aux goutteux (Aegopodium) sont appréciées par le lapin. (Trouver des illustrations ?). Comme on en distribue de façon occasionnelle, il est préférable de ne pas en donner plus d’une poignée par individu à chaque fois pour éviter météorisme et fermentations brutales.

On peut aussi donner des jeunes branches de ronces, de framboisier, de noisetier, ou de pommier. Penser également à récolter par terre à l’automne quelques feuilles fraîchement tombées des arbres.

ATTENTION : Il est préférable de connaître le lieu où vous cueillez les plantes sauvages, afin d’être sûr qu’elles n’ont pas été traitées précédemment aux pesticides. De toute façon, prenez la précaution de laver ces plantes à grande eau et de les sécher avant de les distribuer.

L’eau

Comparé à beaucoup d’autres animaux, le lapin a besoin de boire de grandes quantités d’eau. On a calculé que la consommation d’eau quotidienne d’un lapin d’élevage nourri aux granulés est de 50 à 150 ml par kg de poids.

À SAVOIR : Un lapin qui pèse 2 kg devrait donc boire quotidiennement la même quantité d’eau qu’un chien de 10 kg.

EN PRATIQUE : un lapin de compagnie correctement nourri et hydraté avec de la verdure fraîche aura des besoins en eau moins importants et pourra boire un peu moins qu’un lapin d’élevage sans que ce soit préjudiciable pour sa santé.

Un abreuvoir d’eau propre doit être disponible en permanence, l’eau doit être renouvelée quotidiennement. L’eau du robinet peut tout à fait convenir.

EN PRATIQUE : Si on préfère donner de l’eau en bouteilles, il faut la choisir la moins minéralisée possible, en raison de la propension du lapin à faire des calculs rénaux ou vésicaux. L’eau de source convient très bien.

Les friandises et les compléments alimentaires

Nourri correctement selon les principes que nous venons de développer, un lapin n’a pas besoin d’un apport supplémentaire de vitamines ou de minéraux.

Les friandises pour lapins que l’on trouve dans le commerce flattent le goût naturel du lapin pour le sucré. Elles ne doivent être données qu’à titre exceptionnel, car leur emploi trop fréquent risque de provoquer des troubles de la fermentation.

Attention à l’excès de poids. Avec l’âge, les petites gourmandises et l’inactivité, votre lapin risque de perdre sa sveltesse et de s’arrondir lentement mais sûrement. Les aliments dont il faut se méfier sont bien sûr les friandises et les morceaux de pain. Les mélanges de graines, qui permettent au lapin de trier les graines les plus grasses, sont également une source d’engraissement potentiel. Il ne faut pas oublier non plus que beaucoup de fabricants incorporent dans les granulés alimentaires de l’huile végétale pour en améliorer l’appétence et la cohésion, ce qui constitue une source de graisses cachées.

EN PRATIQUE :

Comment faire maigrir mon lapin ?

Un lapin est remarquablement équipé pour transformer en graisse à son profit une alimentation qui nous semble incroyablement pauvre. À l’état sauvage, beaucoup vivent très bien sur des îles raides où ils n’ont à leur disposition que des brins d’herbe secs pour survivre pendant des mois. Ceci veut dire que vous pouvez tout à fait complètement supprimer les graines et les granulés d’un lapin qui a tendance à devenir trop dodu. Il vivra très bien avec un ordinaire de bon foin, d’eau à volonté, et de quelques feuilles de verdure fraîche. Vous verrez que même à ce régime sec, il mettra quelque temps avant de s’amincir tant il est parfaitement à se faire de la graisse de réserve à partir de presque rien.

ATTENTION : Beaucoup de lapins ont un goût prononcé pour le chocolat. Cette gourmandise est malheureusement déconseillée pour eux, car outre la quantité de sucre importante qu’il contient, le chocolat peut être toxique si l’animal en consomme une grande quantité.

Exemple de régime alimentaire équilibré

Pour un lapin nain de 1,5 kg :

  • Granulés : Environ 50 g par jour de granulés de bonne composition : Les laisser à disposition de l’animal pendant une heure le matin et une heure le soir. Retirer la gamelle le reste du temps.
  • Foin de bonne qualité : Pendant la journée, laisser à volonté au lapin un tas de foin équivalent au volume de son corps.
  • Verdure fraîche : Donner trois sortes de légumes verts à feuilles par jour, laissés à disposition pendant la journée en même temps que le foin.