Otite du chien et du chat

L’otite externe chez le chien

L’oreille est divisée en trois parties :

L’oreille externe est constituée du pavillon et du conduit auditif : elle réceptionne et collecte les vibrations aériennes.
L’oreille moyenne est constituée de la caisse du tympan, du tympan et des trois osselets. C’est un organe de transmission et d’amplification de l’onde sonore.
L’oreille interne est formée par le labyrinthe, la cochlée et l’appareil vestibulaire : elle sert à l’audition et à l’équilibration.
Contrairement au conduit auditif de l’homme qui est un petit tube horizontal, le conduit auditif externe du chien est un long tube coudé ; il est formé d’un canal vertical suivi d’un canal horizontal avec lequel il forme un angle obtus. Il est formé de cartilage recouvert de peau et se termine au niveau du tympan. Sa longueur varie de 5 à 10 cm et sa largeur de 3 à 5 mm. Le tympan sépare le conduit auditif externe de l’oreille moyenne. Il s’agit d’une fine lamelle presque circulaire, légèrement concave.

À l’intérieur du conduit, il existe des glandes qui produisent le cérumen. Il sert à protéger le conduit auditif, à maintenir la souplesse et l’élasticité du tympan, à limiter les contacts avec les micro-organismes et à diminuer la macération par son effet hydrofuge. La densité de ces glandes et donc la quantité de cérumen produit est très variable d’une espèce à l’autre.

Anatomie de l’oreille normale chez le chien

Une otite externe est une inflammation du conduit auditif externe ; elle peut avoir de nombreuses origines. La plupart des otites du chien sont des otites externes (et rarement moyennes ou internes). Elles constituent environ 10 % des motifs de consultation chez le vétérinaire. Elles sont souvent récidivantes et peuvent se compliquer, après effraction du tympan, par une otite moyenne. Il n’existe pas de « traitement de l’otite » en général, il est nécessaire d’en identifier au cas par cas l’origine et d’adapter le traitement.
Oreille malade

Facteurs prédisposant aux otites externes

Un certain nombre de particularités anatomiques et raciales peuvent favoriser l’apparition d’une otite externe. Les animaux à oreilles tombantes sont plus fréquemment sujets aux otites. La présence de poils en grande quantité au niveau des oreilles comme chez le Caniche, le Cocker ou le Bichon, prédispose également aux otites. Par ailleurs, le Cocker, le Springer et le Labrador produisent une grande quantité de cérumen : on retrouve davantage d’otite dans ces races. Enfin, chez le Shar Peï, le Chow-Chow et certaines races brachycéphales, le conduit auditif est incomplètement développé, tortueux et doté de replis, ce qui favorise l’apparition des otites.

L’humidité et l’environnement jouent également un rôle dans l’apparition des otites chez le chien. En été, les baignades induisent une macération dans l’oreille qui favorise la colonisation par des germes opportunistes. Les séjours en chenil, dans les environnements humides et chauds augmentent le risque d’apparition des otites. Enfin, il est classiquement déconseillé de laisser son chien passer la tête à la fenêtre de sa voiture, les courants d’air peuvent être une cause d’otite.

Les causes primaires d’otite externe chez le chien

Les causes primaires d’otite externe chez le chien sont extrêmement variées.
En premier lieu, on rencontre les corps étrangers : des végétaux, du sable, des topiques desséchés, des bourres de poils, des épillets… Les épillets sont particulièrement rencontrés chez les chiens à oreilles tombantes, favorisés par la présence de poils (Cocker en particulier) ; ils sont très dangereux et peuvent créer des lésions du tympan et une otite moyenne voire interne. On conseille de tondre la face interne du pavillon auriculaire des chiens à oreilles tombantes et très poilues (type Cocker) pour éviter que les épillets ne s’y fixent.

On peut également identifier des parasites dans les oreilles : les agents des gales, des agents de la démodécie, les agents des teignes. Les aoûtats sont essentiellement présents sur le pavillon au niveau de l’oreillon. Les parasites les plus fréquemment rencontrés dans les oreilles de chien sont les agents des gales (on appelle alors ces otites des otacarioses). Ce sont de microscopiques araignées qui se multiplient dans le conduit auditif et se nourrissent de cérumen ; elles provoquent de fortes démangeaisons. Ces gales sont très contagieuses d’un animal à l’autre (très présentes en collectivité : élevage, chenils) mais sans danger pour l’homme.

Les otites externes peuvent également être d’origine allergique. Il s’agit d’ailleurs de la première cause de persistance ou de récidive d’otite bilatérale externe. Le conduit auditif externe est l’un des sites préférentiels touché par les manifestations d’allergie (atopie, allergie alimentaire, allergie de contact, allergie aux piqûres de puces).
Aussi, les otites externes peuvent être provoquées par des anomalies de la kératinisation et de la sécrétion séborrhéique. On rencontre ces anomalies dans les maladies endocriniennes (hyperthyroïdie, maladie Cushing ou hypercorticisme) et dans certaines dermatoses.
Enfin, des tumeurs peuvent se dévlopper à l’intérieur du conduit auditif et provoquer une obstruction favorisant les macérations et la multiplication des bactéries et des levures.

Les complications

Les complications des otites externes chez le chien sont la conséquence des lésions provoquées par l’agent causal. Les bactéries et les levures (champignons) sont naturellement présentes dans le conduit auditif. À la faveur d’une des causes précédemment citées, elles se multiplient de façon anarchique et compliquent l’otite. Dans les cas les plus graves, une otite externe avec une lésion du tympan peut provoquer une otite moyenne et une infection de la bulle tympanique. C’est d’ailleurs la quasi seule cause d’otite moyenne chez le chien.
Les complications d’une otite externe peuvent également être traumatiques : à force de se démanger, le chien se crée des plaies sur le pavillon ou autour de l’oreille. Dans certains cas, un hématome peut se former entre les deux feuillets cutanés de l’oreille, caractérisé par l’apparition brutale d’une poche chaude et souvent douloureuse au niveau du pavillon auriculaire : c’est ce qu’on appelle un othématome.

Les symptômes des otites externes

Les premiers symptômes visibles d’une otite externe chez le chien sont les modifications cutanées au niveau du pavillon : la peau devient rouge et chaude. Le cérumen est alors modifié dans sa couleur, sa texture et son odeur. Dans certains cas, le port de tête de l’animal est anormal. Le chien présente des démangeaisons qu’il manifeste avec son postérieur et se secoue la tête. L’otite peut atteindre une ou deux oreilles.

La visite chez le vétérinaire permet une exploration visuelle du conduit auditif externe grâce à l’utilisation de l’otoscope. On met en évidence les corps étrangers et on peut alors les extraire. On évalue les modifications de l’aspect du cérumen, on examine le tympan et le conduit auditif externe et leurs éventuelles lésions.
À la clinique, le prélèvement des exsudats, leur étalement sur lame et leur examen au microscope (avec ou sans coloration) permet de visualiser les parasites, les bactéries, les levures et les cellules présentes dans le conduit auditif.

Au laboratoire, ces prélèvements peuvent être mis en culture pour des recherches bactériologiques et/ou mycologiques. Dans certains cas, les cultures sont longues et les résultats ne parviennent qu’au bout de plusieurs semaines. On peut également rechercher la sensibilité des bactéries aux différents antibiotiques utilisables (antibiogramme).

Dans certains cas graves, on peut vous proposer des examens d’imagerie : radiologie ou scanner. Ces examens sont utiles lors de suspicion d’otite moyenne pour l’exploration de la bulle tympanique.

Traitement

Le traitement local
La guérison d’une otite externe chez le chien passe avant tout par un nettoyage minutieux du conduit auditif. Celui-ci nécessite dans certains cas douloureux une tranquillisation. Le nettoyant est choisi en fonction des données cliniques : nettoyant doux, produit céruminolytique ou nettoyant asséchant plus ou moins accompagné d’antiseptiques. L’épilation soigneuse du conduit auditif est nécessaire dans certaines races prédisposées.

Le traitement local est complété par des topiques (gouttes auriculaires) à vertu anti-inflammatoires, antibiotiques et/ou antifongiques et/ou antiparasitaires en fonction du diagnostic de l’agent causal.

Le traitement systémique (général)
Des antibiotiques ou des antifongiques par voie orale peuvent être prescrits lors d’otite sévère avec un remaniement cutané important, lors de récidive ou d’impossibilité de traiter l’otite localement.

La prescription d’anti-inflammatoires est souvent justifiée par la douleur et l’inflammation qui obstrue le conduit auditif et empêche l’application des topiques.
Dans certains cas (en particulier les parasitoses), on peut utiliser des médicaments en pipette à appliquer entre les épaules (spot on).

Le traitement de la cause sous-jacente
Le traitement de la cause sous-jacente est la clé de la prévention des otites. Il faut prendre en charge la dermite allergie si elle existe et lutter contre les parasites s’ils sont présents.

Le traitement chirurgical
Lors de tumeurs du conduit auditif ou de malformation dans certaines races, le traitement des otites nécessite une chirurgie. Dans les autres cas, le traitement chirurgical (abaissement du conduit auditif externe, exérèse du conduit auditif) n’est qu’un élément du traitement global des otites externes. Dans tous les cas, il faut au préalable en identifier la cause. On l’utilise généralement en dernier recours et elle n’est souvent que le moyen de mieux appliquer les traitements locaux. Cette chirurgie, quelle que soit la technique utilisée, présente des complications potentielles.

Le suivi médical
Lors d’otite chronique, des visites de contrôle régulières sont nécessaires pour évaluer l’évolution clinique (examen otoscopique) et microscopique. Suivant les résultats, les nettoyages peuvent être espacés, le traitement réajusté ou au contraire un/des nettoyages sous sédation, d’autres examens, voire une option chirurgicale peuvent se révéler nécessaires.

Utilisation pratique d’un produit d’hygiène auriculaire
L’entretien régulier des oreilles de son chien fait partie de l’hygiène générale que l’on doit concéder à son animal. Il faut habituer son chien dès le plus jeune âge à ces manipulations pour extraire le cérumen accumulé à l’aide d’un produit adapté aux chiens. En entretien, on conseille de nettoyer les oreilles des chiens à oreilles tombantes toutes les semaines l’été et tous les 15 jours l’hiver, et les oreilles des chiens à oreilles dressées tous les 15 jours l’été et une fois par mois en hiver.

Pour nettoyer correctement les oreilles de votre chien avec un produit d’hygiène auriculaire, il faut remplir le conduit auditif avec le produit : le conduit auditif du chien fait un coude, vous ne pouvez pas atteindre le tympan. Vous massez ensuite longuement la base de l’oreille entre le pouce et l’index en faisant un bruit de clapotis. Vous laissez ensuite le chien se secouer la tête, faisant ainsi remonter les saletés vers l’entrée du conduit. Le pavillon auriculaire est ensuite nettoyé avec un morceau de coton ou un mouchoir en papier. L’emploi du coton-tige est à prescrire car il aggrave l’otite en repoussant les débris vers le fond de l’oreille et en formant des bouchons qu’il faudra enlever sous sédation ou anesthésie. De plus, le coton-tige peut provoquer des érosions et des ulcérations du conduit auditif. Son utilisation est réservée aux vétérinaires dans un but diagnostique.

Enfin d’utilisation, l’embout du flacon est nettoyé avec un peu d’alcool.

Utilisation pratique d’un produit de traitement local
Le produit de traitement est appliqué au moins 20 minutes après le nettoyage. Ce temps permet au chien de se secouer la tête et d’évacuer l’intégralité du produit nettoyant et des débris décollés. Quelques gouttes suffisent : le flacon est renversé vers l’oreille et l’embout enfoncé de 0.5 à 1 cm dans le conduit. On masse ensuite le conduit auditif pour étaler le produit à l’intérieur. Il faut absolument respecter la fréquence et la durée du traitement prescrit par votre vétérinaire. Très rapidement les symptômes vont être améliorés grâce à la présence dans la plupart des produits d’anti-inflammatoires qui soulagent efficacement la douleur ; cependant, l’élimination de l’ensemble des bactéries et/ou des levures nécessite une certaine durée d’application. Arrêter précocement le traitement créerait des résistances et une inefficacité des produits vis-à-vis des otites de votre chien.