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Perte d’appétit chez un chat : un cas de lymphome rénal

par | Jan 20, 2016 | Article Chat, Blog, Cas Cliniques

Georgia est une chatte Européenne, stérilisée de 3 ans et demi . Elle a perdu son appétit il y a maintenant plus de 10 jours. Elle a été mise sous antibiotique et antitussif par son vétérinaire « à cause de raclement de gorge ». Puis après une légère amélioration de son état général, Georgia a rechuté. La chatte a présenté alors une faiblesse, une perte d’appétit, une prise de boisson augmentée et une douleur abdominale à la palpation du ventre. Un gros rein a été identifié. En octobre 2014 elle avait également connu une chute brutale de son poids et sans explication. Depuis, son poids est stable.

Un bilan sanguin réalisé chez son vétérinaire a révélé la présence d’une insuffisance rénale (Urée 0,8g/l, creatinine 40 mg/L). Une numération formule a montré la présence d’une augmentation des globules blancs (GB 28000) avec beaucoup de neutrophiles. La chatte a été mis sous antibiotique (marbocyl), antispasmodiques (Spasfon ND) et antidouleurs (vetergesic ND). Une analyse d’urine n’a pas révélé de germes (ECBU negatif, hématurie 205900 /mm3 et leucocyturie). Enfin un test sanguin sérologique d’identification des virus felv fiv est négatif. A l’issue de l’examen, le vétérinaire nous adresse Georgia pour une échographie en vue de biopsie.

A l’examen échographique , l’aspect échographique des 2 reins est très remanié avec augmentation de la taille des reins, perte de l’échostructure complète des deux reins, un cortex épaissi de façon multifocale (écho 1).

coupe sagittale du rein gauche Noter la dilatation du bassinet et le liseré anéchogène sous capsulaire. Le cortex est échogène.

coupe sagittale du rein gauche Noter la dilatation du bassinet et le liseré anéchogène sous capsulaire. Le cortex est échogène.

L’échogénicité est très hétérogène avec des plages plutôt hypoéchogène surtout à droite, et des plages corticales hyperéchogènes. Une pyélectasie est visible sur les deux reins (dilatation du bassinet) Les uretères ne sont pas visibles.(écho 2)

 

Coupe parasagittale du rein droit :masse corticale hypoéchogène de 1,08 cm de diamètre.

Coupe parasagittale du rein droit : masse corticale hypoéchogène de 1,08 cm de diamètre.

Un épanchement sous capsulaire est également visible à gauche (écho 3)

coupe parasagittale du rein gauche avec visualisation de l’épanchement sous-capsulaire.

coupe parasagittale du rein gauche avec visualisation de l’épanchement sous-capsulaire.

La vessie est d’aspect normal Le reste des organes visualisés est dans les normes.

L’échographie est donc en faveur d’une néphropathie bilatérale sévère.

Des cytoponctions sous contrôle échographique (ponction à l’aiguille du rein) révèlent la présence de nombreux lymphoblastes (photo 1).

: cellules lymphoïdes découvertes à la cytoponction. Grossissement * 100. Coloration RAL.

cellules lymphoïdes découvertes à la cytoponction. Grossissement * 100. Coloration RAL.

Un lymphome de haut grade de malignité est diagnostiqué; son pronostic est très sombre. Une chimiothérapie dans notre cas n’est pas indiqué car les lésions rénales sont très avancées et le bénéfice de ce traitement ne semble pas si évident.

Ce cas, bien que de pronostic dramatique, illustre bien la grande performance diagnostique de l’échographie lors de tumeurs rénales, surtout lorsqu’elle est couplée à une cytoponction ou une biopsie sous contrôle échographique. Dans notre cas la cytologie a suffit pour confirmer une hypothèse de lymphome rénal. Cette hypothèse était déjà fortement évoquée du fait de la présence de l’épanchement sous-capsulaire avec augmentation de taille du rein (critères échographiques très évocateurs mais pas exclusifs)*.

Ce lymphome rénal est la tumeur rénale la plus fréquente chez le chat, même chez le jeune chat, chez qui l’association du lymphome avec la présence de la leucose féline est fréquente. Dans notre cas, le contexte épidémiologique (chat sédentaire, isolé) et le test sérologique négatif écartaient la présence de ce virus.

Georgia a reçu de la cortisone de façon palliative pour stimuler son appétit et conserver un bien être le plus longtemps possible et a pu vivre quelques semaines de plus dans de bonnes conditions.

Pour en savoir plus

* Valdez-Martinez A, Giancolo R, Maï W. Association beetwen renal hypoechoic subcapsular thickening and lymphosarcoma in cats. Vet Radiol Ultrasound 2007 ; 48 : 357-360.

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