La luxation de la rotule

La rotule (ou patelle) est un os de l’articulation du genou, c’est un petit os présent à l’avant de la patte, entre le fémur et le tibia, auxquels il se rattache grâce à 2 ligaments : le ligament fémoro-patellaire et le ligament tibio-rotulien. Sur le fémur, il existe une petite « gorge », la trochlée, dans laquelle se positionne la rotule. Sur le tibia, le ligament partant de la rotule s’attache au niveau de la crête tibiale. La compréhension de l’anatomie est importante pour comprendre les raisons de la luxation et les traitements.

La luxation de la rotule est un déplacement anormal de l’os en dehors de sa place habituelle ; la luxation peut être médiale ou latérale.

Il existe plusieurs degrés de gravité qui détermineront le traitement.

Classification

Luxation médiale

Dans ce type de luxation, la rotule se déloge de sa place normale, elle sort de la trochlée, pour aller vers l’intérieur du membre. C’est le cas le plus fréquemment rencontré. Il est essentiellement observé (5 à 8 fois plus) chez les races miniatures et de petites tailles (Yorkshire, Caniche, Bichon, Chihuahua…). Il existe vraisemblablement une origine congénitale, ces luxations sont observées très tôt dans la vie du chien, parfois avant même la fin de la croissance. On observe très souvent une anomalie dans la position de la crête tibiale, qui est légèrement vers l’intérieur, accentuant le mouvement de la rotule vers l’intérieur.

Dans la plupart des cas, la luxation ne provoque pas de douleur, ni lors de la marche ni lors de la manipulation.

La démarche du chien est caractéristique : il fait quelques pas la patte levée, la rotule est alors placée médialement à l’articulation (vers l’intérieur), puis si la rotule se remet en place, le chien reprend sa marche normalement.

Luxation latérale

Dans ce cas, la rotule se déplace vers l’extérieur de l’articulation ; c’est beaucoup plus rare et en général observé chez les chiens de grandes tailles, déjà prédisposés à la dysplasie de la hanche. Les symptômes apparaissent lentement et sont observés plus tard dans la vie du chien, en général vers 5-8 ans.

Lors de luxation, médiale ou latérale, l’instabilité du genou augmente le risque additionnel de rupture des ligaments croisés.

Différents grades

La détermination du grade de gravité est importante pour mettre en place le traitement. Ils sont déterminés en fonction de la posture de l’animal, de la difficulté à marcher et de la facilité de manipulation de la rotule par la vétérinaire.

Grade1

La luxation est occasionnelle. Le chien fait quelques pas avec le membre levé et reprend seul une démarche normale. Le vétérinaire peut facilement luxer puis remettre en place la rotule.

Grade 2

La luxation se produit beaucoup plus fréquemment et le chien pose encore sa patte de façon occasionnelle. Le vétérinaire a du mal à remettre la rotule à sa place. L’arthrose commence à s’installer sur l’articulation. La douleur est présente.

Grade 3

La luxation est quasi permanente, dès que l’animal veut porter son poids sur sa patte, la rotule se luxe. En cas de luxation de grade 3 pendant la croissance, une déformation des os (fémur, tibia) peut apparaître au cours de celle-ci, ce qui explique la nécessité d’un traitement chirurgical rapide.

Grade 4

La luxation est permanente et le membre est toujours replié. Sans traitement chirurgical rapide, une rétraction musculaire accompagne le problème de luxation, rendant parfois toute amélioration impossible.

Traitement

Pour le stade 1, la surveillance de l’animal et de l’aggravation de la luxation peut suffire. Mais il faut parfois simplement intervenir sur les ligaments et la capsule articulaire de la rotule afin de la stabiliser.

Pour les stades plus avancés, le traitement est chirurgical, il doit se faire le plus rapidement possible avant l’apparition d’autres symptômes : arthrose, rupture des ligaments croisés, amyotrophie…

La chirurgie consiste à remettre la rotule de façon permanente dans la trochlée. On peut être amené à modifier la trochlée chirurgicalement afin de la rendre plus profonde.

On peut aussi transposer la crête tibiale (la casser puis la revisser) afin d’avoir un bon alignement fémur-rotule-tibia.

La clé du succès réside dans un diagnostic précoce et une intervention rapide, mais aussi dans une coopération du chien (et de son maître) qui doit rester calme et ne pas forcer sur son articulation le temps de la cicatrisation (1 à 2 mois selon l’âge).