Les conséquences de l’arthrose, notamment les boiteries, sont un motif de consultation fréquent. Plus encore, le dépistage systématique de la maladie arthrosique lors de la visite annuelle de santé révèle une forte prévalence et un intérêt marqué des propriétaires vis-à-vis de la douleur engendrée pour leur animal.
De très nombreuses publications et communications se sont intéressées à la gestion de l’animal arthrosique, mettant en avant un abord multimodal de cette pathologie.
Cependant, aucune ne fait encore mention de l’importance centrale d’un suivi ostéopathique.
L’arthrose est une maladie dégénérative qui évolue selon deux axes : un axe temporel et un axe spatial.
L’axe temporel est bien connu de tous les thérapeutes : une articulation atteinte évolue toujours et de façon systématique vers la dégradation, et ce malgré la mise en place de facteurs limitant cette évolution. Ainsi, l’utilisation de compléments alimentaires à base de substances dites chondroprotectrices ne stoppent pas la progression de la dégradation articulaire, mais la ralentisse seulement. Par ailleurs, ces compléments n’ont aucune action antalgique et n’évitent donc pas la douleur articulaire.
L’axe spatial d’évolution de la maladie arthrosique n’est pas encore suffisamment étudié. Pourtant, c’est là que nous avons les meilleures possibilités thérapeutiques.
L’organisme réagit à la gène et à la douleur d’une articulation arthrosique par une limitation de ses mouvements. Ainsi, par exemple, il est classique de voir une chien atteint de coxarthrose –suite à une dysplasie coxo-fémorale notamment- avoir une démarche chaloupée ; le but de celle-ci est de limiter l’amplitude des mouvements de la hanche atteinte sans pour autant raccourcir les pas.
Ce faisant, l’organisme utilise de façon non physiologique les articulations en aval et en amont de la zone malade. Dans l’exemple précédent, c’est la charnière lombo-sacrée qui subit le plus de contrainte : le mouvement de marche fait fonctionner cette zone en latéroflexion, alors qu’elle est plutôt conçue pour travailler en rotation (apophyses transverses longues entre autres).
Assez rapidement, les efforts excessifs sur l’articulation dysfonctionnelle vont provoquer une contraction des muscles –paravertébraux dans notre exemple- et aboutir à une restriction de mouvements de cette articulation, qui n’est que le premier pas vers une évolution d’ankylose, puis d’arthrose. Cette zone nouvellement touchée, le processus se répète tant que l’organisme est à même de créer une compensation biomécanique à sa douleur.
Ceci démontre l’effet « domino » qui est le principe de l’évolution spatiale de la maladie arthrosique. Il explique notamment l’importante prévalence des spondylarthroses dans les dysplasies coxo-fémorales chez l’animal âgé.
La définition même de l’ostéopathie est de permettre de lever les restrictions de mouvements articulaires. On comprend donc toute l’importance de cette approche dans la gestion au long terme de la maladie arthrosique.
Ainsi, des séances manipulatoires régulières peuvent lever ces contractures réparties sur l’ensemble de la chaine articulaire. Le gain pour l’organisme est d’abord un soulagement des douleurs musculaires par la levée des spasmes, et ensuite le recouvrement d’une certaine souplesse et donc la récupération d’une capacité de compensation des articulations structurellement arthrosiques.
La clinique montre après une séance un animal plus alerte grâce à la récupération fonctionnelle, mais souvent également plus gai du fait de la forte diminution de l’état algique.
Il est entendu que l’ostéopathie ne pourra pas aller contre l’évolution temporelle dégénérative d’une articulation déjà touchée. Cependant, en mettant en place un suivi régulier, il est possible d’en bloquer complètement son évolution spatiale ; et cela, seule l’ostéopathie peut le faire !
En moyenne, l’expérience montre que deux séances manipulatoires par an suffisent à obtenir un statu quo de l’emprise spatiale de la maladie arthrosique.
Il est donc facile de proposer une gestion ostéopathique de l’arthrose à nos patients.